Avec une croissance du marché à deux chiffres (33 % entre 2017 et 2018), les objets connectés ont le vent en poupe ! Considérée par beaucoup d’experts comme la 4ème révolution industrielle, l’IoT (internet des objets) est bien parti pour se déployer durablement dans le secteur des nouvelles technologies… A l’instar des assistants vocaux qui semblent tirer leur épingle du jeu. Nous en compterons 8 milliards dans le monde à l’horizon 2023 (selon Juniper Research). Un bel avenir qui pourtant, contraste avec les nombreuses interrogations qu’ils suscitent. En premier lieu, comment la technologie vocale, boostée par l’Intelligence artificielle, modifiera-t-elle nos méthodes de recherche sur le web ? Franck Negro, Directeur Europe du Sud de Yext, nous donne quelques éléments de réponse.
Le vocal conversationnel : un potentiel d’instantanéité sous-exploité ?
A travers la commande vocale, les enceintes connectées offrent de nouvelles perspectives en matière d’expérience utilisateur ou UX (en référence au terme anglophone User eXperience). A commencer par la possibilité de passer outre les listes des résultats d’une requête où sont indexés les différents liens d’articles en fonction du mot clé renseigné dans la barre de recherche. La technologie vocale suggère un accès plus direct et plus simplifiée à l’information. Grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, l’éco-système Google pourra donc renforcer son ambition de se transformer d’indexeur de liens à une source auto-suffisante d’information. Nous pouvons d’ores et déjà remarquer que depuis quelques années, certaines requêtes portant sur des opérations mathématiques, des conversions monétaires, l’heure ou la météo donnent lieu de plus en plus à des réponses directes de la part du géant de la Silicon Valley, Et tout porte à croire que cela devrait se poursuivre avec le développement du vocal conversationnel (par exemple avec les chabots, ces robots logiciels qui peuvent dialoguer avec un individu), Franck Négro, confirme que « Google a toujours eu en tête le modèle de la recherche future inspiré de l’univers sur Star Trek (…) c’est-à-dire, vous posez la question et le moteur vous donne LA réponse ».
Du traitement statistique au web sémantique, une évolution des moteurs de recherche en faveur du vocal conversationnel.
Si le marché des enceintes connectées et des applications vocales embarquées dans les smartphones se porte bien, c’est en partie grâce aux avancées réalisées dans le domaine de l’intelligence artificielle qui permet aux moteurs de recherche de comprendre des requêtes de plus en plus complexes et de se libérer des critères purement statistiques (nombres de liens qui pointent vers un site internet…). C’est ce qu’on appelle le web sémantique. Résultat, nous pouvons de plus en plus faire appel au langage naturel pour formuler des requêtes à la place des mots clés. Selon Franck Negro, le web sémantique permet aux « moteurs, quand ils vont fouiller le web, de comprendre précisément le sens des termes utilisés, voir même qui pourront à terme, raisonner sur un ensemble de données comme le ferait un cerveau humain, parce que le web aurait été structuré de manière pertinente. On va dire que tous les algorithmes échangent et c’est super important par rapport au vocal, parce que tout le monde parle du vocal, mais personne ne connait véritablement les enjeux technologiques qu’il y a derrière ».
Les avis des internautes, l’autre migraine des concepteurs d’assistant vocaux
Un autre challenge de taille se présente : comment gérer les avis des internautes. Le web 2.0, puis le web 3.0 ont transformé les internautes en ambassadeurs des marques. Toutefois, les assistants vocaux débarquent dans un contexte où la consultation des avis fait désormais partie des pratiques ancrées dans les habitudes des internautes, notamment dans le secteur touristique, où les destinations sont souvent exposées à des centaines de milliers d’avis sur les sites de voyage, La ville de Londres a par exemple reçu plus d’un million d’avis en 2017 sur Tripadvisor. Or, bien que par une simple commande vocale, un utilisateur peut demander à son enceinte connectée de lire les commentaires associés à un service, toujours est-il qu’on pourrait s’interroger sur la confiance que l’utilisateur accordera à son enceinte connectée et ne la soupçonnera pas de trier les avis en s’affranchissant de toute neutralité.
La prise en compte de ces paramètres nous amène, au regard de ses spécificités actuelles, à mixer étroitement la technologie vocale intelligente avec les interfaces digitales classiques selon une relation de complémentarité plus que de substitution. Franck Negro évoque le terme de multi-sensorialité « le vocal ne va pas tuer le visuel, on est plutôt vers des modes de recherche multi-sensoriels, je cherche un restaurant italien, je fais une recherche vocale, j’ai une restitution visuelle sur mon écran avec les avis consommateurs ».
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Un dossier préparé et rédigé par Mohammed Achraf Tazi, stagiaire de Doubs Tourisme, en Master 2 Conseil en communication (Besançon).